Cours microéconomie => Détermination du volume de production d’une entreprise concurrentielle
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Détermination du volume de production d’une entreprise concurrentielle
Chapitre VI : Détermination du volume de production d’une entreprise concurrentielle
Nous avons vu jusqu’ici comment une entreprise à la recherche du profit maximum détermine les quantités optimales de facteurs qu’elle devrait utiliser pour un volume donné de production. Il reste maintenant à voir comment se détermine le volume de production optimal, c’est à dire celui qui procure à l’entreprise le profit le plus élevé. Pour y répondre, nous allons nous placer dans le cas d’une entreprise qui opère dans un marché concurrentiel. Nous aurons l’occasion d’étudier d’autres formes de marché et nous verrons alors comment les conclusions de ce chapitre sont altérées par la prise en compte d’autres types de marchés que le marché concurrentiel.
I- Les implications de l’hypothèse de concurrence pour les décisions de production de l’entreprise
Le profit étant l’objectif de l’entreprise, il est nécessaire qu’elle puisse évaluer pour chaque niveau de production ‘‘y’’ le profit correspondant, et de choisir ensuite celui qui donne le profit le plus élevé. Le profit est défini comme la différence entre les recettes et les coûts.
p(y) = R(y) – C(y)
L’entreprise connaît bien sa fonction de coût. Il faut aussi qu’elle connaisse ou qu’elle estime sa fonction de recette, c’est à dire la valeur des ventes correspondant à chaque niveau de production . En général, ceci signifie que l’entreprise est en mesure d’estimer la demande de son produit pour chaque niveau de prix. Mais dans le cas d’un marché où la concurrence est suffisamment vive pour constituer une approximation raisonnable de l’hypothèse de concurrence parfaite, le problème est singulièrement simplifié, dans la mesure où l’entreprise n’a plus besoin d’estimer la demande qui va s’adresser à elle.
En effet, en concurrence parfaite, on suppose qu’il existe un très grand nombre d’entreprises produisant toutes un bien homogène et standardisé. La quantité que peut mettre une seule entreprise sur le marché est négligeable par rapport à l’offre globale sur ce même marché. Si elle augmente ou diminue sa production, l’offre sur le marché n’est pas affectée significativement et les prix restent inchangés. L’entreprise qui opère sur un marché concurrentiel sait donc qu’elle ne peut pas influencer le prix du marché, elle le subit. On dit aussi qu’elle est un preneur de prix (« price taker » par opposition à « price maker« ). La demande du produit de l’entreprise est donc parfaitement élastique : Au prix p0 du marché, elle peut écouler tout ce qu’elle peut produire. Mais elle ne vendra rien si elle demande un prix un peu plus élevé, puisque les acheteurs trouveront le même produit (hypothèse d’homogénéité) au prix p0.
II- La détermination de la production optimale à court terme
Le profit d’une entreprise concurrentielle est : p = R(y) – C(y) avec R(y) = p.y
Il est facile de voir que tant la recette marginale R'(y) que la recette moyenne (RM) sont constantes et égales au prix du marché p.
La condition du premier ordre de maximisation du profit est : R'(y) – C'(y) = 0 Þ R'(y) = C'(y)
c’est à dire Rm = Cm
Cette condition est nécessaire si le volume de production appartient à l’intérieur de l’ensemble de production (y > 0).
On en déduit que si l’entreprise décide de produire (y>0), elle choisira le volume de production dont le coût marginal est égal au prix du marché. Cette condition est suffisante lorsque la fonction de production est concave ou lorsque les rendements d’échelle sont non croissants. Or nous avons vu qu’à court terme, les rendements sont généralement croissants puis décroissants. La courbe de coût marginal est alors décroissante puis croissante. Dans ce cas, il est possible que la droite de la recette marginale coupe la courbe de coût marginal en deux points. En chacun de ces deux points l’égalité Rm = Cm est donc vérifiée ; l’un d’eux seulement correspond au maximum du profit. Considérons d’abord le point A, c’est à dire le point d’intersection de la droite de la recette marginale avec la branche descendante de la courbe du coût marginal. Si on augmente la production d’une unité, son coût marginal sera inférieur au prix p. Le profit augmenterait donc. On en déduit qu’en A le profit n’est pas maximum.
Au contraire comme en B le coût marginal est croissant, la production d’une unité supplémentaire coûte plus qu’elle ne rapporte et diminue donc le profit. Alors que si on diminue la production d’une unité l’économie de coût est inférieure au manque à gagner (p). Pour avoir le profit maximum, il faut donc produire la quantité correspondant au point B. Ainsi, l’égalité Rm = Cm doit être vérifiée au niveau de la partie ascendante de la courbe du Cm
Il faut.maintenant s’assurer que le volume de production correspondant à l’égalité du coût marginal et de la recette marginale correspond en fait à un profit maximum ou simplement à une perte minimale. Et dans ce dernier cas, il faut comparer cette production à perte avec l’arrêt d’activité. Pour cela nous avons besoin d’introduire la courbe de coût moyen.On distingue alors trois cas, suivant la position de la droite horizontale de recette marginale par rapport à la courbe de coût moyen :
- Si le prix du marché est supérieur au minimum du coût moyen, la recette totale (surface du rectangle ACOD) est supérieure au coût total (surface du rectangle EBCO) et il y a donc profit effectif. [fi 5.3-a]
- Si au contraire le prix du marché est inférieur au minimum du coût moyen, la production correspondant à l’égalité du prix et du coût marginal engendre en fait une perte. Il faut remarquer cependant que cette perte est inférieure à celle engendrée par toute autre production non null [fig. 5.3-c]
Enfin si le prix est égal au minimum du coût moyen de production l’entreprise ne fait ni perte ni profit. C’est pourquoi ce prix est appelé seuil de rentabilité ou point mort (égalité de la recette totale et du coût total)
III – Détermination du volume de production à long terme
La condition d’équilibre est toujours la même : égalité du coût marginal et du prix. L’entreprise choisit le niveau de production correspondant à l’intersection entre la courbe de coût marginal et la droite de la recette marginale, pourvu bien sûr que cette production ne soit pas nulle (point intérieur).
La différence avec le court terme est que maintenant, il n’y a plus de coûts fixes. Si la production est nulle, le coût est nul. A l’équilibre correspondant au point d’intersection de la courbe de coût marginal et de la droite de recette marginale, le profit doit être effectivement positif. Autrement, l’entreprise préférerait ne rien produire.
Donc à long terme, si le prix du marché est supérieur au minimum du coût moyen à long terme, l’entreprise choisit le niveau de production qui égalise le coût marginal au prix. Si au contraire le prix du marché est inférieur au minimum du coût moyen à long terme, elle préférerait sortir de l’industrie. Lorsque le profit est positif, le bénéfice comptable fait plus que couvrir le coût d’opportunité du temps et des fonds propres engagés par les propriétaires de l’entreprise. On dit alors qu’il y a un sur profit.
IV- Courbes d’offre
Le comportement de l’entreprise concurrentielle peut se résumer par une relation qui exprime pour chaque niveau de prix qui s’établit sur le marché, le volume de production que l’entreprise apporterait sur le marché. La représentation graphique de cette relation est alors appelée courbe d’offre.
A court terme, rappelons-le, l’entreprise ne produit rien, et donc n’offre rien, si le prix du marché est strictement inférieur au minimum de son coût variable moyen. Au-delà elle offrira la quantité qui correspond à l’égalité du prix et du coût marginal.
La courbe d’offre est d’abord confondue avec l’axe des ordonnées (y = 0) lorsque le prix est inférieur au minimum du coût variable moyen CVM. Ensuite, elle s’identifie à la courbe du coût marginal.
A long terme, la courbe d’offre s’identifie à la courbe du coût marginal à long terme à partir du minimum du coût moyen à long terme, puisqu’il n’y a plus de distinction à faire entre coûts fixes et coûts variables.